C’était un grand jour pour Orangine.
Vrai est-il que la jeune fille était contente de voir que son père avait pris la décision de refaire sa vie et qu’elle fut attachée à sa Maman, elle n’allait certainement pas en vouloir à son adoré Papa car elle était certaine que jamais il n’allait l’ignorer même s’il avait rejoint une Dame qu’il aimait.
Czardas était homme sage et savait se montrer impartial. De plus, elle allait avoir la compagnie de demi-sœurs ou demi-frères.
Comme à l’accoutumée, Czardas avait eu soin de lui faire les recommandations d’usage pour se présenter à tout ce beau monde qu’elle ne connaissait point et qui pourtant allait chaleureusement l’accueillir car la Maîtresse des lieux était Dame de cœur et terriblement maternelle.
En bon père, Czardas donna également, à Orangine, les sous nécessaires pour payer le Cocher qui allait l’amener au Domaine avec sa lourde malle dans laquelle elle avait rangé ses effets avec le plus grand soin.
Fiérote à souhait et tout de vert vêtue, la jeune Fille grimpa sur la calèche qui allait la conduire au Domaine de la Rose Noire.
Arrivé devant le Domaine, l’habile Cocher fit emprunter à son cheval la longue allée ornée de cerisiers déjà bien feuillus.
Une fois au Château, la jeune Fille glissa la pièce dans les mains du Cocher qui lui apporta sa malle devant la porte d’entrée déjà entrouverte.
Orangine aperçut une personne probablement affectée au service de Dame Léana.
Tout en s’inclinant légèrement devant la Dame, Orangine lui adressa aimablement la parole :
Je suis ravie de faire votre connaissance. Je suis la Fille de Messire Czardas qui m’a demandé de le rejoindre sur l’invitation de Dame Léana.
Vous serait-il également possible de m’aider à porter cette lourde malle au bon endroit ?
Je vous en remercie d’avance. Ajouta Orangine avec un large sourire.
Cette jeune Fille, qui venait de fêter ses treize printemps, savait ce qu’elle voulait et présentait déjà un sens du raffinement peu commun pour les Filles de son âge.